Pendant des années, on nous a répété que « réussir sa vie professionnelle », c’était grimper les échelons, devenir manager, diriger une équipe, gagner plus.

Cette vision ne correspond plus tout à fait à la réalité du travail d’aujourd’hui.

Selon une étude OpinionWay pour Indeed (2024), 72 % des salariés estiment que la réussite ne se mesure plus seulement à la promotion ou au salaire, mais aussi à l’équilibre, à la liberté et au sens donné à leur métier.

Et d’après le baromètre APEC 2023, près d’un cadre sur deux envisage de changer de poste ou de secteur pour retrouver davantage d’épanouissement et de cohérence entre vie pro et perso.

En clair : l’ambition change de visage.

On n’aspire plus tous à la même réussite, et c’est tant mieux.

Pour parler de ce sujet passionnant, j’ai invité Céline Anfossi, coach carrière et formatrice, qui accompagne les professionnels à redonner du sens à leur trajectoire.

Ensemble, on va déconstruire les clichés autour de l’ambition et montrer qu’il n’y a pas une seule bonne façon de réussir, mais des centaines, aussi uniques que les personnes qui les incarnent.

Bonne lecture 👀

Bienvenue à toi Céline. Avant de commencer, accepterais-tu de te présenter stp ?

Bonjour, je m’appelle Céline Anfossi et je suis coach carrière.

Aujourd’hui, j’accompagne des personnes qui se sentent perdues dans leur travail ou qui ont besoin de changement.

Je propose notamment des bilans de compétences : j’accompagne des personnes pendant deux à quatre mois sur leurs envies, leurs besoins, leurs questions et ce qu’ils veulent faire de leur vie professionnelle.

J’enseigne aussi à l’université : j’aide des étudiants à bien s’orienter et perfectionner leurs candidatures, que ce soit leur CV ou les entretiens.

Quand on parle d’ambition professionnelle, qu’est-ce que ça veut vraiment dire ?

C’EST QUOI L’AMBITION PROFESSIONNELLE

Et pourquoi, selon toi, on a tendance à croire qu’il n’existe qu’une seule “bonne” ambition ?

LA CROYANCE SUR LA « BONNE » AMBITION

On aime les normes parce qu’elles rassurent. Avoir un référentiel permet de vérifier si on « fait bien ».

Et ça ne concerne pas que le travail. Dans le perso aussi, on nous dit que pour être heureux et épanoui, il faut être en couple, puis se marier, puis acheter une maison, puis avoir des enfants, etc.

Ce sont les modèles qu’on voit partout et qu’on nous transmet.

Si on pense aujourd’hui qu’il n’existe qu’une seule ambition, c’est parce qu’on ne nous a montré que celle-là. On ne nous a pas appris qu’il existait d’autres chemins, d’autres options.

Quels sont justement les plus grands clichés autour de l’ambition au travail ?

LES CLICHÉS SUR L’AMBITION AU TRAVAIL

Il y en a plusieurs.

L’impact

Avoir un poste à responsabilités, peser dans les décisions, être dans la stratégie.

Le management.

Pour beaucoup, réussir signifie gravir les échelons jusqu’à manager une équipe.

Toujours vouloir plus

Plus de budget, plus de personnes à encadrer, plus de reconnaissance.

Le désamour de son travail

Il y a cette croyance tenace : si on n’a pas d’ambition, c’est qu’on n’aime pas son travail, qu’on est un peu « mou » ou pas très professionnel.

Ce sont des jugements très ancrés et, surtout, très faux !

Il y a cette croyance tenace : si on n’a pas d’ambition, c’est qu’on n’aime pas son travail, qu’on est un peu « mou » ou pas très professionnel.

Et est-ce que l’ambition est forcément liée à l’argent et au statut, ou peut-elle prendre d’autres formes ?

LES FORMES D’AMBITION PROFESSIONNELLE

L’ambition peut prendre des dizaines et des dizaines de formes.

Ça peut être rentrer chez soi à 18h tous les soirs pour passer du temps avec ses enfants comme devenir expert de son domaine.

Ça peut tout aussi bien être apprendre quelque chose de nouveau tous les ans ou avoir ses jeudi après-midi de libre pour faire de l’aquarelle.

Si ça apporte de la satisfaction, de la joie et de l’épanouissement, c’est une ambition.

Comment un salarié peut-il commencer à réfléchir à sa propre ambition, sans se laisser influencer par son entourage ou la société ?

RÉFLÉCHIR À SA PROPRE AMBITION SANS INFLUENCE

Ce n’est pas évident, mais commencer à poser les choses sur papier aide beaucoup.

Se demander : de quoi j’ai envie ? Qu’est-ce qui me rendrait fier demain ? Qu’est-ce qui me satisferait vraiment ?

On peut aussi observer les personnes qu’on admire dans son entourage et se demander pourquoi elles nous inspirent.

Est-ce que c’est parce qu’elles ont un poste qu’on trouve génial ? Parce qu’elles osent toujours défendre leurs sujets en réunion ? Parce qu’elles quittent le bureau à 17h l’esprit léger ?

Ça révèle ce qu’on estime désirable. Et l’ambition, c’est ça : ce qu’on désire vraiment.

Merci pour tes conseils.

Est-ce que l’ambition peut évoluer au cours d’une vie professionnelle ?

ÉVOLUTION DE L’AMBITION PROFESSIONNELLE

Oui, et heureusement !

Nos envies changent avec le temps. Ce qu’on voulait à 20 ans n’est pas forcément ce qu’on veut à 30, 40 ou 50 ans.

J’ai une cliente qui m’a dit récemment : « Mes ambitions ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans. Je ne vois plus le travail de la même manière aujourd’hui. » Et c’est normal.

On peut rêver pendant 15 ans d’être DRH et finalement, à mi-parcours, réaliser qu’on est très heureux à un autre poste.

Tant qu’on s’écoute, on a bien sûr le droit de changer d’objectif.

Et dans le monde du travail, comment trouver l’équilibre entre ses envies personnelles et les attentes de l’entreprise ?

ÉQUILIBRE ENTRE ENVIE PERSOS ET ATTENTES PROS

Pour moi, ça commence par clarifier ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas.

Ensuite, en parler. L’entretien annuel ou professionnel sert aussi à cela. Si on vous propose un poste de manager et que ça ne vous correspond pas, vous pouvez dire : « Merci d’avoir pensé à moi, mais ce n’est pas ce que je souhaite pour mon évolution. En revanche, ce qui me motiverait, ce serait de prendre tel projet ou tel périmètre. »

Trouver l’équilibre demande de se connaître et de s’exprimer.

Bien sûr, cela ne marchera pas toujours : mais tant qu’on ne demande pas, on ne peut pas savoir si ça a une chance de fonctionner. 

Et est-il possible d’être ambitieux tout en privilégiant son bien-être et sa vie perso ?

AMBITION ET EQUILIBRE VIE PRIVEE – VIE PRO

Bien sûr.

Si votre ambition, c’est de préserver votre vie personnelle, d’aller chercher vos enfants à l’école ou de garder vos soirées libres, c’est une ambition à part entière.

Ça ne veut pas dire que vous travaillez mal ou que vous n’aurez pas une belle carrière. L’ambition n’est pas liée à la quantité ou à un titre de poste, mais à ce qu’on souhaite vraiment.

Comment reconnaître donc la limite entre ambition saine et ambition toxique ?

AMBITION SAINE VS AMBITION TOXIQUE

La question à se poser, c’est : comment vous vous sentez ? À partir de quand votre ambition vous fait du mal ?

Quand l’ambition devient toxique, c’est souvent qu’elle n’est pas la vôtre. C’est une ambition qu’on vous a imposée ou transmise.

Par exemple, si vous vous épuisez pour décrocher une promotion qui ne vous fait pas ou plus envie, c’est un signal.

Une ambition saine vous porte, vous donne de l’élan, vous fait du bien.

La limite, c’est : est-ce que c’est encore bon pour moi ? Est-ce que j’en ai vraiment envie ou est-ce que je le fais pour mon image, pour faire plaisir ou pour cocher une case ?

Que dirais-tu à quelqu’un qui a peur de “manquer d’ambition” ou qui doute de sa façon de réussir ?

LA PEUR DE MANQUER D’AMBITION

Je lui dirais d’oublier ce qu’on lui a répété depuis des années et de revenir à sa propre définition de la réussite.

Qu’est-ce qui vous rend fier à la fin d’une journée ? C’est quoi, pour vous, réussir ? Est-ce gagner beaucoup ? Apprendre ? Avoir du temps ? Être reconnu ?

Repensez aux moments où vous vous êtes senti le plus fier de vous : un dossier complexe ? Avoir aidé un client ou un usager ? Avoir formé un apprenti ?

Il n’y a pas qu’une seule manière de réussir. Et la seule qui compte, c’est la vôtre.

Et pour terminer une dernière question.

Quel est le meilleur conseil carrière que tu n’aies jamais reçu ou que tu pourrais donner ?

Acceptez que vos envies changent, que votre ambition évolue, et que votre carrière ne suive pas forcément la trajectoire imaginée il y a dix ans.

Dans notre vie personnelle, on accepte facilement de changer : voyager à 20 ans, se poser à 30, fonder une famille… Mais dans le professionnel, on se l’autorise moins.

Changer d’objectif, ralentir, bifurquer, ce n’est pas échouer. C’est juste évoluer. Vous pouvez être salarié aujourd’hui, entrepreneur dans cinq ans, et de nouveau salarié dans quinze.

Tant que vous vous sentez bien et que vous trouvez du sens, c’est le bon chemin.

Acceptez que vos envies changent, que votre ambition évolue, et que votre carrière ne suive pas forcément la trajectoire imaginée il y a dix ans.

Merci du fond du coeur Céline pour ce partage et pour tes précieux conseils❤️.

Si tu souhaites aller plus loin, tu peux retrouver Céline sur LinkedIn, ou faire appel à ses services ici.

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