Une coach carrière qui interviewe un coach carrière sans aucune arrière-pensée. Cette situation résume bien le sujet de l’article du jour, l’art de créer un réseau sans avoir l’air opportuniste.

Tous les conseils partagés par Emmanuel sont des conseils que j’aurais rêvé avoir après mes études, et qui vont assurément changer l’image que tu te fais du réseautage.

Heureuse que le sujet t’intéresse, et hâte d’avoir ton retour sur cet article.

Bonne lecture. 🍵

Bienvenue à toi Emmanuel.

Est-ce que tu peux te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Emmanuel Joly, Coach Emploi depuis 2009.

J’accompagne les Cadres en transition professionnelle vers le poste qu’ils méritent.

Ensemble, nous travaillons à développer un réseau efficace, à affirmer leur marque personnelle sur LinkedIn, à réussir 100% de leurs entretiens et négocier leur salaire avec confiance.
Mon but : transformer leur stratégie de candidature en source d’opportunités, en misant sur l’audace et la différenciation pour qu’ils décident de leur carrière et atteignent leurs objectifs.

C’est mon « why », né d’une première carrière dans la finance qui m’a montré combien de professionnels talentueux n’étaient pas à leur juste place.

Génial et ravie de t’accueillir ici.

Selon toi, pourquoi le sujet du réseau est si central dans une carrière ?

L’IMPORTANCE DU RÉSEAU DANS UNE CARRIÈRE

Justement, Beaucoup de gens associent le réseautage à de l’opportunisme. Pourquoi, selon toi, ce cliché persiste ?

RÉSEAU ET OPPORTUNISME

Oui, ce cliché existe. Le réseautage est opportuniste … si on l’est soi-même.

Approcher d’autres professionnels avec authenticité n’est pas opportuniste, c’est avant tout créer des relations sincères et réciproques. L’être humain est un animal social qui a besoin de coopérer.

Ce cliché persiste surtout par manque de culture du réseautage et de mise en pratique. La formation générale, y compris l’enseignement supérieur manque de formations sur le networking. On dit aux jeunes de développer leur réseau, sans leur dire comment.

S’y ajoute une culture professionnelle, centrée sur la performance individuelle, qui rend réticent à demander de l’aide. Or, avec une approche transparente et généreuse, on découvre qu’en demandant de l’aide, on en obtient …

Bien sûr, certains restent réellement opportunistes. Pour ma part, je les tiens à distance : un réseau solide repose sur la confiance, la réciprocité et l’envie de coopérer. 

Et est-ce qu’on peut réussir sa carrière aujourd’hui sans réseau, ou est-ce devenu mission impossible ?

RÉUSSIR AVEC OU SANS RÉSEAU

Sans réseau, on se crée un handicap, que l’on soit salarié ou a fortiori entrepreneur.

Le réseautage offre trois leviers essentiels :

• Une meilleure visibilité
• L’accès à l’information et aux opportunités, notamment du marché caché
• Du soutien et des ressources, au bon moment

Sans cela, on peut avancer mais avec davantage de limites, surtout si on se trouve sur un marché très concurrentiel. Avec un réseau actif, on va plus vite, plus loin et on est davantage acteur de sa trajectoire.

Avec un réseau actif, on va plus vite, plus loin et on est davantage acteur de sa trajectoire.

Merci à toi de le préciser.

Quand on part de zéro, par quoi commencer pour créer un réseau utile sans se sentir “illégitime” ?

RÉSEAUTAGE ET ILLÉGITIMITÉ

Le sentiment d’illégitimité est normal.

Pour y remédier, le plus efficace est d’approcher des contacts déjà connus : anciens collègues ou managers, camarades de promo, famille, amis, partenaires d’activités ou de projets passés.

Initier le contact passe par des actions simples : donner ou prendre des nouvelles, partager une information utile, un article, une ressource. Ou encore souhaiter la bonne année, commenter un post. Tout cela, dans une réelle démarche de sincérité et d’écoute.

En multipliant ces actions régulières, le syndrome de l’imposteur s’estompe naturellement.

Plus on pratique, plus on prend confiance. Et à chaque contact, ne pas oublier de solliciter un nouveau contact.

J’ajouterais qu’il y a 3 étapes progressives à respecter pour networker : Sympathie, confiance, coopération. En respectant ces 3 temps et dans cet esprit de réciprocité, on attire des relations de qualité et les opportunités suivent.

Est-ce qu’il y a une différence entre réseau “quantité” (beaucoup de contacts) et réseau “qualité” ? Lequel faut privilégier ?

RÉSEAU QUANTITÉ VS RÉSEAU QUALITÉ

Le networking efficace repose sur un certain volume de contacts mais c’est surtout la qualité de nos relations et des échanges qui est à privilégier. Multiplier les contacts sans échanger n’a pas de sens.

LinkedIn, le bras armé digital du réseautage professionnel, permet de trouver un équilibre entre quantité et qualité.

Un profil LinkedIn, soigné et optimisé, attire également les contacts pertinents.

Le networking ne se limite pas à « chasser » les contacts mais aussi à se rendre attractif. LinkedIn offre une vraie puissance pour cela.

En parlant de LinkedIn, comment aborder quelqu’un qu’on ne connaît pas (sur LinkedIn ou ailleurs) sans donner l’impression d’être intéressé uniquement par son aide ? 

Quels types de questions ou messages simples tu recommanderais pour briser la glace ?

ABORDER EFFICACEMENT UN INCONNU

L’état d’esprit est primordial. Une approche trop égocentrée, voire intéressée, limite la valeur des échanges. C’est pourquoi il est important d’entretenir son réseau sur la durée, en générant de la sympathie, puis de la confiance, avant de pouvoir coopérer.

Mais pour répondre concrètement, il arrive d’aborder une personne inconnue pour de bonnes raisons. Avec mes clients, nous contactons fréquemment, via LinkedIn, d’actuels ou anciens collaborateurs d’une entreprise pour préparer un entretien de recrutement.

La structure de message suivante, en trois points, fonctionne très bien :

1 – Point commun avec la personne contactée (école, entreprise, métier, passion, sport ou encore mieux, une relation commune, que l’on peut trouver dans ses contacts de 2^ème niveau sur LinkedIn)

2 – Préciser clairement l’objectif du message

3 – Proposer un échange

Cela donne par exemple :

« Bonjour Thierry,

Nous sommes tous les deux des professionnels du Contrôle de Gestion (point commun).

Je m’apprête à passer un entretien de recrutement chez [Entreprise visée], où vous avez travaillé. Pour optimiser mes chances, j’aimerais beaucoup échanger avec vous (objectif du message).

Si votre planning le permet, n’hésitez pas à me faire part de vos créneaux pour un appel ou une visio de quelques minutes (demande d’échange).

Merci par avance et très bonne journée ! »

Environ 7 personnes sur 10 répondent positivement. Si le point commun est une relation commune, le taux est encore plus élevé car la confiance est plus grande.

Merci pour ce bel exemple.

À ton avis, quelles erreurs font souvent les salariés et candidats quand ils essaient de développer leur réseau ?

LES ERREURS À ÉVITER POUR DÉVELOPPER SON RÉSEAU

– Se limiter à leur 1^er cercle de réseau (famille, amis)

– Vouloir recevoir avant de donner

– Oublier de remercier et tenir informés tous les contacts qui les ont aidés à un moment ou un autre de l’avancement de ses projets

– Ne pas tenir un tableau de suivi des actions de networking

– Oublier de planifier une activité de networking régulière

– Ne pas préparer un Pitch de présentation efficace pour les situations de réseautage

– Rester derrière son écran sans participer à des événements, des salons, des cafés

– Avoir un profil LinkedIn trop peu professionnel

Eviter ces erreurs permet de bâtir un réseau vivant, utile et durable, qui ouvre des portes sur le long terme.

Comment passer du simple contact LinkedIn à une vraie relation professionnelle utile et durable ?

Et quelle est la bonne fréquence pour entretenir son réseau sans paraître insistant ?

TRANSFORMER UN CONTACT EN UNE RELATION PROFESSIONNELLE

Je reviens sur les trois temps mentionnés précédemment, qui permettent d’instaurer une véritable relation professionnelle :

1 – Sympathie

2 – Confiance

3 – Coopération

Sympathie

Elle se crée souvent par des points communs, des intérêts partagés. Créons d’abord un lien humain et chaleureux. Si par exemple, Chloé, je te dis lors d’un premier échange : « Chloé, nous sommes confrères dans le Coaching Emploi et j’apprécie vraiment ton approche (c’est vrai 😀) », nos échanges partiront sur de bonnes bases et nous donneront envie d’interagir.

La sympathie se cultive aussi par des attentions : prendre des nouvelles, partager une ressource ou une information, féliciter lors d’un succès, toujours en personnalisant nos messages.

La capacité d’écoute et de retenir des informations sur nos contacts renforce aussi le lien. Par exemple, Chloé, j’ai retenu que tu as 5 frères et sœurs et que tu aimes les pâtisseries. La prochaine fois qu’on se verra, je te demanderai des nouvelles de ta fratrie et je t’offrirai un gâteau 😉

Confiance

Une fois la sympathie installée, il faut bâtir la confiance par des actions concrètes. Si lors d’un échange, je te dis « Chloé, j’ai rencontré un professionnel du recrutement avec qui tu as sûrement des synergies à créer. Je t’envoie ses coordonnées. »

La 1^ère chose à faire est de t’envoyer ces coordonnées rapidement. Aligner ses actes et ses paroles inspire une confiance durable.

Coopération

Une fois la confiance bien établie, la relation peut évoluer vers une coopération concrète. C’est le moment où l’on peut s’entraider, s’échanger des opportunités et des contacts, se recommander ou s’associer sur des projets.

Concernant la fréquence pour entretenir le réseau sans paraître insistant, il n’y a pas de règle car elle dépend du niveau de proximité : un message pour prendre des nouvelles, un partage d’information, ou une félicitation. L’essentiel est la sincérité et la régularité plutôt que la fréquence brute.

Comment apporter de la valeur à son réseau quand on débute et qu’on a l’impression de “n’avoir rien à donner” ?

DONNER DE LA VALEUR À SON RÉSEAU

Tout le monde peut donner quelque chose : une info, un contact, une ressource.

Lors d’ateliers sur le développement de réseau, je propose aux participants de se présenter et d’exprimer de quoi ils ont besoin. Systématiquement, un autre participant a une ressource à proposer en réponse à ce besoin.

L’essentiel est d’être dans le partage, l’engagement et à l’écoute.

Si tu devais donner une seule règle d’or à respecter absolument pour développer un réseau utile, ce serait laquelle ?

JUGER DE LA SOLIDITÉ D’UN PROJET

Commencez tout de suite, demain c’est déjà trop tard. Entrez en action, avec des gestes simples. Vous verrez rapidement les puissants effets du networking, ainsi que la confiance qu’il vous apportera.

Enfin, la question que je pose toujours : quel est le meilleur conseil carrière que tu as reçu ou que tu pourrais donner aujourd’hui à ceux qui nous lisent ?

Il y a environ 25 ans, alors que j’étais Gestionnaire de Patrimoine chez BNP Paribas, un professionnel expérimenté de la finance m’a dit : « Joly, on dirait un espadon dans une baignoire, tu devrais voler de tes propres ailes ».

Très peu de temps après, j’ai quitté le salariat pour embrasser l’entrepreneuriat. La meilleure idée de ma vie professionnelle.

Cette phrase me booste encore, comme un encouragement à toujours progresser et donner le meilleur de moi-même. En l’occurrence, c’est ce à quoi je m’attache en aidant des cadres, parfois aussi des étudiants, à atteindre leurs objectifs professionnels.

Tu devrais voler de tes propres ailes.

Merci à toi Emmanuel pour cette interview super enrichissante ❤️.

Si tu souhaites aller plus loin, tu peux retrouver Emmanuel sur LinkedIn.

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