On entend parler d’Ikigaï un peu partout : dans les livres, sur Instagram, en entreprise…
Mais entre la version “tendance” qu’on voit sur les réseaux et le vrai concept japonais, beaucoup de gens ne savent pas vraiment ce que c’est, ni comment cela peut réellement les aider dans leur carrière.

Ce qui est sûr par contre, c’est que la question du sens n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui.
Le Covid, les reconversions massives, les burn-out… tout ça a poussé beaucoup de salariés à une même réflexion :
“Est-ce que mon travail est encore aligné avec la personne que je suis devenue ?”

Et c’est exactement là que l’ikigaï peut devenir un outil puissan, et pour en parler, j’ai eu la chance d’interviewer Claire Méraud, consultante en épanouissement professionnel, passionnée par les reconversions, l’équilibre de vie et la quête de sens.

Bonne lecture à toi 🎊

Hello Claire et bienvenue à toi. Est-ce que tu peux te présenter rapidement pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Salut Chloé, je m’appelle Claire Méraud, j’ai 34 ans, mariée et maman de deux petits garçons. Et je suis vendéenne d’adoption ;

Je suis Consultante en épanouissement professionnel depuis début 2020, j’étais avant Conseillère en Insertion Professionnelle auprès d’un public éloigné de l’emploi.

Mes domaines de prédilection sont la reconversion pro, l’équilibre de vie, la recherche de sens, la positive attitude et l’entrepreneuriat.

J’adore semer des graines et profiter de la vie avec mes proches mais aussi être seule pour me ressourcer. Mon leitmotiv, c’est de vivre sans regrets.

J’essaye aussi au maximum d’être cohérente entre les conseils que je peux donner en accompagnement et la gestion de ma vie de manière générale (à l’inverse de « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais » quoi. 😅)

Rentrons dans le vif du sujet. Qu’est-ce que l’ikigaï et pourquoi suscite-t-il autant d’intérêt aujourd’hui dans le monde du travail ?

L’IKIGAÏ C’EST QUOI ?

Et quelle est la différence entre l’ikigaï « tendance » qu’on voit partout sur les réseaux et le vrai concept japonais ?

DISTINGUER L’IKIGAÏ TENDANCE DU VRAI CONCEPT

L’ikigaï « tendance » c’est souvent tourné exclusivement vers le domaine professionnel en vendant une technique pour « trouver son métier de rêve/ son métier passion ». Quelle pression…

Perso, j’adore mon métier mais ce n’est pas ma « passion ». Et je trouve cette dérive de l’Ikigaï très culpabilisante car beaucoup de personnes n’ont pas une « passion » et ceux qui ont fait de leur passion un métier n’arrivent pas toujours à en vivre.

Mais l’Ikigaï comme je le disais avant est surtout une philosophie de vie et ne va pas définir un seul métier. (Et d’ailleurs, je suis convaincue que nous n’avons pas qu’un seul métier qui nous convient vu comme le monde évolue très vite..).

L’Ikigaï prend en compte notre vie dans sa globalité. Nous avons souvent tendance à séparer notre vie pro de notre vie perso. Mais nous n’avons pas plusieurs vies ! Non, nous avons UNE seule vie et l’idée est d’arriver à conjuguer tous ces domaines ensembles.

Notre Ikigaï est comme notre boussole de notre vie. Il nous donne la direction pour que l’on se sente à notre place, pro comme perso. C’est un travail plus profond pour aller chercher nos sources d’épanouissement et comprendre notre fonctionnement. Il peut en ressortir des métiers mais j’insiste toujours sur le « pourquoi travailler », c’est-à-dire, sur ce qu’ils doivent absolument retrouver dans leur métier. Un peu comme une trame.

Ça permet d’ouvrir le champ des possibles et de ne pas être perdu quand on ne s’épanoui plus dans notre travail actuel.

Justement, en quoi l’ikigaï peut-il aider à mieux se connaître professionnellement ?

MIEUX SE CONNAÎTRE GRÂCE À L’IKIGAI

L’Ikigaï est un outil d’introspection. Il va te permettre de mettre des mots sur qui tu es et sur ce qui te donne du sens. Il va aussi t’aider à prendre de la hauteur pour savoir ce que tu souhaites retrouver dans ton métier.

Nous identifions tes talents et compétences ainsi que tes valeurs pour ouvrir le champ des possibles et retrouver tout ce qui te fait vibrer dans ton quotidien.

Le fait de mettre des mots aussi sur ton « pourquoi travailler » va t’aider à mieux te connaître et à savoir ce que tu recherches vraiment dans la sphère professionnelle. Tu retrouves donc de la motivation car tu sais pourquoi tu aimes ce métier.

Pour que ce soit plus clair, je te donne mon exemple.

Je sais que je dois retrouver du conseil, de la positivité et de la liberté dans mon métier. Derrière ces mots, je sais tout ce qu’il y a comme notamment l’écoute, l’accompagnement, l’autonomie, l’entrepreneuriat, la bonne ambiance, etc… Et le fait d’avoir ces 3 mots comme ligne de conduite, je peux m’interroger en cas de mal-être au travail sur quel mot me manque et quelles actions je peux mettre en place pour le retrouver.

En cas de reconversion, ces mots vont m’aider à affiner ma recherche d’emploi. Une fois que tu as identifié tes sources d’épanouissement, tu peux agir et mettre en place des choses que tu aimerais retrouver dans ta vie pro comme perso.

Parfois, il suffit de s’autoriser à reprendre un loisir oublié depuis longtemps ou se tourner vers du bénévolat pour retrouver de la motivation au travail.

Et est-ce que trouver son ikigaï veut forcément dire changer de métier ou se reconvertir ?

IKIGAÏ = CHANGEMENT ?

Oh non, la reconversion n’est pas systématique. Vu que l’Ikigaï est « le phare de ta vie», on peut agir sur d’autres domaines.

J’ai en tête une personne qui adorait le cirque et qui avait 48 ans. Elle était en mal-être dans sa vie et voulait changer de métier. Au fur et à mesure de l’accompagnement, elle a pris conscience qu’elle adorait son métier et qu’elle retrouvait tout ce qui l’a faisait vibrer mais qu’elle se dévalorisait.

Nous avons renforcé sa confiance en elle, étudié son environnement de travail pour qu’il soit plus propice à son fonctionnement et, à côté, elle s’est autorisée à aller tester un cours dans une asso qui propose des activités de cirque.

Elle est aujourd’hui adhérente de cette asso et pratique du jonglage et du fil où elle s’éclate. Et elle a gardé son métier.

Et puis parfois, il suffit de changer d’entreprises pour aller vers des entreprises qui correspondent plus à nos valeurs.

Parfois, nous avons besoin d’être source de proposition au sein même de notre entreprise pour y apporter ce qui nous manque… les possibilités sont multiples. On se cantonne encore trop à notre fameuse « fiche de poste ».

LES ÉTAPES POUR TRAVAILLER SUR SON IKIGAÏ

1) En avoir envie

La première étape est d’en avoir envie et de s’engager dans cette démarche. Ça reste un travail d’introspection qui peut remuer. Si tu le fais avec un consultant, il y a des exercices à faire entre les séances que nous analysons ensuite.

Ça demande donc du temps pour y réfléchir et les faire consciencieusement.

2) Faire le point

Ensuite, tu peux commencer à lister des activités que tu aimes faire, à poser sur papier tes compétences, à questionner ton entourage sur tes qualités, à t’interroger sur tes convictions et tes valeurs et à réfléchir aux différents métiers que tu as fais et leurs points communs.

Essaye de voir s’il y a des points de convergence dans toutes tes réponses.

Quels outils ou exercices pratiques recommandes-tu pour identifier ses passions, ses talents et ses valeurs ?

LES OUTILS ET EXERCICES PRATIQUES

Il y a des questions d’introspection que tu peux te poser comme :

• Quand est-ce que tu ne vois pas le temps passer ? (Pour tes passions)
• Quels sont les compliments qu’on te fait régulièrement ? (Pour tes qualités et compétences)
• Qu’est-ce qui te révolte dans la société actuelle ? (Pour tes valeurs)

Tu as aussi le test des forces de caractère qui est super intéressant pour comprendre ton fonctionnement et mettre en avant tes talents. Tu peux le retrouver gratuitement sur viame.org.

Et forcément l’outil Ikigaï permet d’identifier tes passions, tes talents et tes valeurs ! 😉

Est-ce qu’on peut construire son ikigaï seul, ou l’accompagnement (coaching, ateliers) est-il indispensable ?

CONSTRUIRE SON IKIGAÏ SEUL OU ACCOMPAGNÉ

Le faire seul

Avec toutes les ressources qui existent aujourd’hui, oui on peut construire son ikigaï seul. Tu peux retrouver des questions d’introspection sur internet ou dans des livres spécialisés.

Maintenant, étant un travail d’introspection, il faut arriver à avoir ce recul sur soi-même quand on le fait seul, ce qui n’est vraiment pas facile. Le plus dur est d’analyser les réponses pour y trouver des points communs car il faut creuser.

Le faire accompagné

L’avantage en accompagnement, c’est que le professionnel a ce regard extérieur qui permet de mettre en évidence plus facilement des mots qui reviennent souvent.

Certaines personnes viennent me voir car elles ont commencé à le faire seule mais n’arrivent pas à aller au bout et à synthétiser ou alors trouvent leur Ikigaï mais ne font plus rien après.

L’ikigaï reste un outil. C’est important après d’établir un plan d’action concret si tu veux voir du changement dans ta vie. Le cercle « Ce pour quoi je suis doué.e » est aussi compliqué à remplir seul car les personnes n’osent pas mettre leurs atouts en avant par peur de se surestimer et souvent par manque de confiance en elles.

Quels sont les blocages les plus fréquents que tu observes chez les personnes qui cherchent leur ikigaï ?

LES BLOCAGES FACE À L’IKIGAÏ

Les blocages les plus fréquents sont :

• Les personnes qui ne savent plus (ou pas) ce qu’elles aiment faire.
• Elles ont peur de ne pas réussir à répondre aux questions alors qu’on arrive toujours à identifier ce qui les fait vibrer.
• Les personnes qui n’ont pas confiance en elles. Elles ne voient pas leur potentiel.
• Les personnes qui sortent d’un burn-out et qui ont besoin d’être rassurées sur leur place et sur le monde du travail en général.
• Les personnes qui veulent séparer à tout prix leur vie perso de leur vie pro. L’idée est de leur proposer une autre vision du monde du travail où le travail n’est pas une fin en soi mais bien un facteur d’épanouissement parmi tant d’autres.

Justement, on confond souvent.

Quels bénéfices concrets as-tu constatés chez les personnes qui ont trouvé (ou clarifié) leur ikigaï ?

LES BÉNÉFICES DE L’IKIGAÏ

Clairement, une vision plus claire d’où elles veulent aller.

Les personnes sont rassurées et retrouvent de la motivation après avoir identifié leur Ikigaï. Elles se sentent plus confiantes aussi car elles savent ce qui les font vibrer. Le plan d’action est donc plus facile à mettre en place. Elles n’ont plus ce sentiment d’être perdue et retrouvent aussi un équilibre de vie.

Ces personnes sont aussi plus positives et arrivent à relativiser car elles savent ce qu’elles veulent retrouver dans leur vie pro et perso et connaissent les bienfaits de la gratitude.

Elles se connaissent davantage et apprécient le fait de comprendre pourquoi elles ont fait ou font telle activité.

Si quelqu’un sent que son travail actuel n’est pas aligné avec ses valeurs mais ne sait pas par où commencer, tu lui dirais quoi ?

TRAVAIL NON ALIGNÉ AVEC SES VALEURS

Prendre le temps de se connaître pour savoir où il veut aller.

Il peut aussi identifier ses valeurs pour être au clair dessus et mettre en place un plan d’action. Lister aussi tout ce qui ne lui convient plus et tout ce qu’il aimerait retrouver. Et après s’entourer et ne pas rester seul.

Il n’y a aucun tabou à ressentir un mal-être dans son travail.

Et surtout de ne pas rester trop longtemps dans cette situation

Car quand on n’est pas aligné avec ses valeurs, on finit par ne plus se reconnaître et perdre confiance en soi.

Il y a forcément un endroit où il sera respecté pour ce qu’il est et pourra déployer tout son potentiel.

Et la question que je pose à tous mes invités : Quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu, ou que tu aimerais donner à ceux qui nous lisent ?

Le meilleur conseil que j’aime donner c’est : Prendre soin de soi pour prendre soin des autres. Plus tu vas être bien et épanoui dans ta vie de manière générale, pro comme perso, plus tu pourras être là pour les autres.

Souvent les gens s’oublient, surtout dans les métiers d’accompagnement et de relation d’aide. Ils n’arrivent pas à prendre du temps pour eux car ils ne se passent pas en priorité. Ils culpabilisent de prendre du temps pour eux et trouvent ça même parfois égoïste.

Pour moi, c’est l’inverse.

C’est quand ils ne prennent pas du temps pour eux qu’ils sont « égoïstes » car quand leur corps va dire STOP ils ne pourront plus être là pour leurs proches, pour leurs collègues, pour leur entreprise, pour le monde de manière générale.

C’est la responsabilité de chacun d’être heureux pour ensuite faire rayonner les autres autour d’eux. Et ça commence par bien se connaître et savoir ce qui nous rend vraiment heureux.

Prendre soin de soi pour prendre soin des autres.

Merci Claire pour ce partage super inspirant ❤️.

Si tu souhaites aller plus loin, tu peux retrouver Claire sur LinkedIn,

Tu peux aussi la retrouver dans Job Master pour lui poser toutes tes questions.

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C’est super encourageant et ça me permet de pouvoir traiter encore plus de questions liées au bien-être au travail.

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