“J’ai trop changé de poste.”
“Mon parcours n’a pas de logique.”
“J’ai peur que mon CV fasse fuir les recruteurs.”
Ces phrases, Binta Barry les entend tous les jours dans ses coachings, et pourtant, derrière ces doutes se cachent souvent les profils les plus riches, les plus agiles et les plus courageux.
Dans cet article, on a voulu déconstruire le mythe du parcours « parfait ».
Binta, coach carrière et ex-recruteuse, partage ici ses conseils pour comprendre ce que les recruteurs regardent vraiment, et comment assumer, voire revendiquer la singularité de ton parcours.
Parce que ce n’est pas ton CV qui doit être linéaire, c’est ton discours qui doit être clair.
Agréable lecture à toi 🍵
Bienvenue à toi Binta. Avant de commencer, accepterais-tu de te présenter stp ?
Je m’appelle Binta BARRY, je suis coach carrière et j’accompagne les femmes ambitieuses à se repositionner professionnellement et à créer une image forte et alignée sur LinkedIn.
Après plusieurs années d’expérience en tant que recruteuse , j’ai décidé de me consacrer à ce qui me passionne : aider les femmes à révéler leur valeur, clarifier leur vision et attirer des opportunités alignées à leurs aspirations.
Ma mission, c’est de permettre à chacune de devenir la CEO ( ou pilote ) de sa carrière.
Binta, pourquoi les parcours non linéaires sont-ils souvent vus comme un problème par les candidats eux-mêmes
LA VISION DES CANDIDATS DES PARCOURS NON LINÉAIRES
Les candidats ont souvent du mal à justifier un parcours atypique, à assumer leur non-linéarité ou encore à valoriser des périodes de pause, qu’elles soient choisies ou subies.
Derrière tout ça, il y a une peur très humaine : la peur du jugement.
Peur que le recruteur ne voie pas de cohérence, peur d’être perçu comme instable ou de ne pas être pris au sérieux.
Du coup, au lieu d’assumer pleinement leur trajectoire, beaucoup cherchent à la lisser, à la rendre « parfaite » sur le papier et considèrent cela comme une faiblesse, alors que leur singularité est une force.
Et du point de vue d’un recruteur, qu’est-ce qui peut inquiéter dans un CV “atypique” ou avec des ruptures ?
LA VISION DES RECRUTEURS DES PARCOURS NON LINÉAIRES
Du point de vue d’un recruteur, un parcours atypique ou avec des ruptures peut effectivement susciter plusieurs interrogations.
D’abord, il y a souvent une crainte d’instabilité : le recruteur peut se demander si le candidat saura rester sur le poste ou s’il risque de repartir rapidement vers autre chose.
Ensuite, une question d’opérationnalité : après une période de pause professionnelle, il peut avoir peur que la personne ne soit plus à jour, qu’elle ne soit pas à la pointe des derniers outils ou des nouvelles pratiques du secteur.
Il peut aussi y avoir une inquiétude sur la capacité d’intégration : est-ce que cette personne saura retrouver une dynamique d’équipe, s’adapter à une culture d’entreprise, collaborer efficacement ?
Parfois, le recruteur peut même craindre que les ruptures successives traduisent des difficultés relationnelles, notamment avec la hiérarchie ou les managers.
En résumé, ce n’est pas le parcours en soi qui pose problème, mais plutôt le manque de contexte : quand le “pourquoi” et le “comment” ne sont pas expliqués, cela laisse de la place au doute.
Justement, est-ce que tu as le sentiment que les mentalités évoluent aujourd’hui face à ces carrières non linéaires ?
L’ÉVOLUTION DES MENTALITÉS SUR LES PARCOURS NON LINÉAIRES
Honnêtement, non, je ne pense pas que les mentalités aient vraiment évolué sur ce point. En tout cas pas encore suffisamment.
En France, on reste encore très attachés à l’idée de cocher des cases. Beaucoup d’entreprises recherchent encore des profils qui rentrent parfaitement dans un moule : même secteur, même parcours, mêmes références.
Et je le constate à la fois dans mon propre parcours et dans mes accompagnements : dès qu’un profil sort un peu des sentiers battus, qu’il y a une reconversion, une pause ou une expérience atypique, cela dérange encore.
Peu de recruteurs valorisent réellement les compétences transférables, cette capacité qu’a une personne à transposer son savoir-faire et son savoir-être dans un nouvel environnement. Pourtant, c’est souvent ce qui fait la richesse d’un profil atypique.
Quand une personne possède les compétences métiers, la capacité d’adaptation et la motivation, elle peut tout à fait s’intégrer et performer, même dans un nouveau secteur.
Malheureusement, on est encore trop dans une logique de conformité plutôt que de potentiel.
Merci pour ton avis sur ce sujet.
Quelles sont, selon toi, les vraies forces cachées d’un parcours atypique ?
LES FORCES CACHÉES D’UN PARCOURS ATYPIQUE
Un parcours atypique cache souvent de vraies forces.
1) D’abord, une grande capacité d’adaptation
Une personne qui a évolué dans différents secteurs ou métiers a dû apprendre vite, s’intégrer à de nouveaux environnements et rester curieuse.
2) Ces profils développent aussi une polyvalence au niveau de l’utilisation des outils
Ils maîtrisent souvent plusieurs logiciels.
3) Ils possèdent également une intelligence relationnelle forte
S’adapter à des cultures différentes, c’est savoir écouter, collaborer et comprendre les dynamiques humaines.
4) Et enfin, ce sont souvent des personnes dans l’innovation constante
Parce qu’elles sortent du cadre, elles apportent des idées novatrices.
Une personne qui a évolué dans différents secteurs ou métiers a dû apprendre vite, s’intégrer à de nouveaux environnements et rester curieuse.
Faut-il expliquer toutes les transitions (chômage, reconversion, voyages…) ou seulement certaines ?
EXPLIQUER LES TRANSITIONS OU NON ?
Non, il n’est pas nécessaire d’expliquer toutes les transitions. L’objectif, ce n’est pas de tout justifier, mais de donner du sens à celles qui renforcent le parcours professionnel.
Par exemple, inutile d’évoquer un voyage s’il n’a pas de lien direct avec votre projet de carrière. En revanche, certaines transitions méritent d’être mentionnées, comme une maternité, un congé parental, ou une reconversion, car elles témoignent souvent de compétences développées : organisation, sens des priorités, gestion du changement.
C’est aussi pertinent de valoriser les périodes de pause active, comme du bénévolat de compétences en association ou une formation en lien avec le poste.
Ce qui compte, c’est de rester centré sur ce qui apporte de la valeur et montre une trajectoire cohérente et assumée. Le recruteur n’a pas besoin de tout savoir, il a besoin de comprendre où vous allez et ce que ces périodes vous ont apporté.
Et comment transformer une période de “vide” (chômage, pause perso, maternité) en atout dans son discours ?
TRANSFORMER UNE PÉRIODE DE VIDE EN ATOUT
1. Le FAIT – Pose le contexte sans t’excuser.
Ex : « J’ai connu une période de pause professionnelle de 8 mois suite à… »
➤ L’idée n’est pas de se justifier, mais de donner un cadre clair, sobre et assumé.
2. L’APPRENTISSAGE – Montre ce que tu en as retiré.
Ex : « Cela m’a permis de prendre du recul, de clarifier mon projet, de me former sur X, ou de développer de nouvelles compétences comme la gestion du temps, l’autonomie, ou la résilience. »
➤ On passe du “vide” au “processus de croissance”.
3. La VALEUR – Relie l’expérience au poste visé.
Ex : « Aujourd’hui, cela me rend encore plus alignée et efficace dans ma manière de travailler, et plus à l’aise avec le changement. »
➤ Montre en quoi cette étape te rend plus fort·e professionnellement.

Quelle est la plus grosse erreur à éviter quand on explique un parcours non linéaire à un recruteur ?
À NE PAS FAIRE QUAND ON PARLE D’UN PARCOURS NON LINÉAIRE
La plus grosse erreur, c’est de se justifier au lieu de donner du sens.
Beaucoup de candidats abordent leur parcours non linéaire avec de la gêne, comme s’ils devaient s’excuser de ne pas avoir un CV “classique”. Résultat : ils détaillent trop, s’embrouillent, ou se mettent sur la défensive.
Le recruteur ne cherche pas une justification, il cherche de la cohérence. Ce qu’il veut comprendre, c’est le fil conducteur : pourquoi ces choix, qu’est-ce que vous en avez tiré, et comment cela vous rend pertinent pour le poste aujourd’hui.
Donc l’erreur, c’est de vouloir tout expliquer, alors qu’il faut sélectionner les transitions clés, les raconter avec clarté et confiance, et montrer la valeur ajoutée que cela apporte à votre profil.
En résumé : moins de justification, plus de storytelling et de vision.
Quelle phrase choc ou formulation peut-on utiliser pour retourner la situation quand un recruteur nous questionne sur notre parcours atypique ?
COMMENT RETOURNER LA SITUATION ?
Ce parcours non linéaire m’a permis d’être opérationnelle rapidement et gagner en compétences dans des environnements variés. Aujourd’hui, je suis plus agile et adaptable que quelqu’un qui a toujours fait la même chose.
Et comment répondre quand un recruteur balance le fameux : “Vous n’êtes pas trop instable pour ce poste ?
QUE RÉPONDRE QUAND ON NOUS QUESTIONNE ?
Effectivement, j’ai connu plusieurs étapes dans mon parcours, mais chacune répondait à un besoin d’évolution cohérent. Aujourd’hui, j’ai une vision claire de ce que je veux construire, et je recherche un projet dans lequel je peux m’engager sur le long terme.
Mais de toi à nous Binta, est-ce que les recruteurs préfèrent vraiment des parcours linéaires, ou est-ce juste un cliché ?
LA PRÉFÉRENCE DES RECRUTEURS
Les deux. même si je penche plus vers le fait que les recruteurs préfèrent généralement des parcours linéaires.
Pourquoi le linéaire rassure :
- Les recruteurs aiment que les candidats cochent toutes les cases de la fiche de poste.
- Une personne ayant répété le même poste sera souvent plus opérationnelle dès son arrivée.
- Les CV linéaires sont plus rapides à lire et plus faciles à comprendre.
Mais les parcours atypiques ont leur force :
Le secret : raconter une histoire cohérente, montrer comment chaque expérience te prépare à exceller dans ton prochain rôle.
Curiosité, adaptabilité et compétences transférables sont des atouts majeurs, surtout dans les secteurs créatifs ou en pleine mutation.
Et on termine avec la question que je pose à tous mes invités.
Quel est le meilleur conseil que tu aies jamais reçu, ou que tu aimerais donner à ceux qui nous lisent ?
Ne laisse pas tes compétences et ton réseau dormir : transforme-les en capital stratégique.
Aujourd’hui, une carrière ne se construit plus uniquement sur ce que l’on fait, mais sur ce que l’on sait valoriser et connecter.
Chaque expérience, chaque projet, chaque rencontre représente un atout.
Capitaliser ses compétences, c’est savoir :
- Identifier ses acquis formels et informels (ce que tu as appris en faisant, pas seulement en étant formée)
- Les traduire en valeur concrète (impact, résultats, savoir-faire transférables)
- Les intégrer dans un récit professionnel clair (CV, LinkedIn, pitch)
Capitaliser son réseau, c’est comprendre que :
- Le réseau est un écosystème d’opportunités réciproques, pas une liste de contacts
- Chaque relation peut devenir un pont vers un projet, une collaboration ou un apprentissage
- Plus tu entretiens la relation, plus tu fais circuler la valeur
Ne laisse pas tes compétences et ton réseau dormir : transforme-les en capital stratégique.
Merci Binta pour tous les conseils partagés ❤️.
Si tu souhaites aller plus loin, tu peux retrouver Binta sur LinkedIn,
Tu peux aussi la retrouver dans Job Master pour lui poser toutes tes questions.
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C’est super encourageant et ça me permet de pouvoir traiter encore plus de questions liées au bien-être au travail.
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